La Chine toujours en surcapacité de production d'acier en 2016
Avec le charbon, l’acier est le deuxième secteur reconnu officiellement en surcapacité par le régime de Pékin. Mais si Pékin impose la fermeture de nombreuses usines, il se heurte toutefois à la résistance des industriels et des autorités locales qui veulent protéger leurs aciéries. La production d'acier aurait même augmentée en 2016 au lieu de diminuer.
La réduction des surcapacités: une « tâche prioritaire »
Accusée par l'Europe et les Etats-Unis de vendre son acier à perte, la Chine a placé la réduction de ses surcapacités industrielles en haut de son agenda économique, assure-t-elle. Avec le charbon, l'acier est le deuxième secteur reconnu officiellement en surcapacité par le régime de Pékin.
Les engagements sont connus : la Chine, qui assure à elle seule la moitié de la production d'acier de la planète, a promis l'an dernier de réduire sa capacité de production de 100 à 150 millions de tonnes (sur un total de 1,2 milliard) d'ici à 2020 et de supprimer 1,8 million de postes dans le secteur sidérurgique. Début mars, dans son discours inaugurant la session annuelle du Parlement, le premier ministre Li Keqiang a fixé la feuille de route pour 2017 : une réduction d'environ 50 millions de tonnes des capacités de production d'acier (150 millions de tonnes dans le charbon). Le tout en soulignant que l'équivalent de 65 millions de tonnes avait été coupé l'an dernier - « au-delà des objectifs ».
Une réalité moins claire
Sauf que la réalité est moins claire. Quelques jours avant ce grand rendez-vous de la vie politique chinoise, Greenpeace a jeté un pavé dans la marre. Dans un rapport réalisé avec le cabinet d'études chinois Custeel, l'association environnementale a affirmé que la Chine avait, au contraire, accru ses capacités de production de 36,5 millions de tonnes en 2016. Le double de la production annuelle du Royaume-Uni !
Si Pékin a bien imposé la fermeture de certaines installations, le gouvernement central se heurte à la résistance des industriels et des autorités locales. Loin de la capitale, les élus se débrouillent pour en minimiser l'impact économique et social en concentrant les fermetures sur des usines qui étaient déjà à l'arrêt ou inefficaces, pointe Greenpeace. Pour protéger l'emploi, certaines provinces protègent leurs aciéries. De quoi relativiser les objectifs de Pékin...
Record historique de production
Le gouvernement a beau faire les gros yeux, il n'est pas étranger à la situation puisqu'il stimule la demande en soutenant de nombreux secteurs économiques, comme la construction. La production de l'acier brut a atteint un record historique en mars, dépassant les 70 millions de tonnes, les sidérurgistes chinois ayant sans doute été tentés de tirer profit de la récente remontée des cours et de l'embellie de l'économie chinoise.
Point tout de même plus encourageant pour les producteurs étrangers, les industriels déversent moins leurs surplus à l'international : les exportations d'acier chinoises ont baissé d'un quart au premier trimestre par rapport à 2016.
Source : www.lesechos.fr