SkyWays, le taxi drone autonome d'Airbus
Les équipes de la division du pôle Innovation d'Airbus, basée dans la Silicon valley, travaillent à la conception et au développement d'un véhicule autonome volant -à base de drone- qui sera déployé en trois étapes en commençant par la livraison de colis à Singapour pour finir ... peut-être ... en taxi volant autonome dans les grandes métropoles urbaines. D'autres grands groupes du secteur de la livraison ou de la high tech (Amazon, UPS, DHL, Google, la poste en France) s'intéressent aussi fortement à la livraison de colis par drone et développent des projets similaires.
Les trois étape du projet
Les trois étapes du projet annoncées par Airbus sont les suivantes :
- Drone de livraison de colis sur le Campus de l'Université de Singapour (déploiement 2017) dans une première étape (autorisation acquise des autorités de Singapour)
- Taxi volant (à base de drone) avec chauffeur. Plusieurs passagers par drone pour réduire le prix de la course (date non précisée et projet conditionné par l'étape 1)
- Taxi volant autonome (nécessite une modification de la réglementation)
Les objectifs du projet SkyWays
La première étape du développement, nommée SkyWays - autrement dit "les routes du ciel" - consiste à développer un service de livraison de colis à base de drones sur le Campus de Singapour (voir l'infographie ci-dessous plutôt bien faite). Airbus Helicopters a signé un accord avec les autorités de l'aviation civile de Singapour pour pouvoir survoler des zones habitées et déployer ce service courant 2017. L'objectif est de livrer des colis aux étudiants et aux laboratoires de la ville. Ce premier projet permettra de tester le concept et de démontrer son efficacité avant de déployer la technologie dans d'autres villes du monde.
L'objectif du projet Skyways est double : évaluer tout d'abord la viabilité économique d'un tel système de transport puis démontrer aux autorités et au grand public que des drones commerciaux peuvent évoluer en toute sécurité dans un environnement urbain. Et si l'équipe parvient à prouver la sécurité opérationnelle de Skyways au dessus du campus de l'Université de Singapour, alors des applications commerciales pourraient ensuite voir le jour, notamment avec le port de Singapour.
Infographie - Livraison de colis à Singapour par drone Airbus
La livraison de colis à Singapour en pratique
Le drone développé par Airbus sera un Optocopter qui transportera les coilis dans un conteneur aménagé sous sa coque. Les drones suivront des corridors aériens prédéfinis à l'avance et viendront décharger automatiquement leur colis dans des bornes de livraison. L'utilisateur recevra alors un message sur son smartphone pour l'avertir de venir chercher son colis dans la borne.
Deux stratégies successives sont imaginées :
- La livraison de colis pour l'université uniquement dans un premier temps
- la livraison de colis vers les bateaux du port de Singapour (pour exporter des produits sans doute) si le premier déploiement est un succès.
Le CityAirbus, véhicule taxi autonome
La suite du projet d'Airbus - sans doute moins mature (pour rester poli)- un taxi volant, qui disposerait d'un chauffeur dans un premier temps, pour ensuite devenir autonome. Ce véhicule aurait le design d'un drone avec de multiples hélices. Airbus devra cependant attendre l'évolution de la législation pour mettre en oeuvre un véhicule autonome. Pour diminuer le prix de la course, les véhicules accueilleraient plusieurs passagers effectuant le même trajet. Airbus affirme que le prix de la course serait du même ordre de grandeur qu'une course de taxi actuelle. Airbus prévoit, afin de diminuer les prix du véhicule, une production de plusieurs milliers de véhicules.
La concurrence pour la livraison des colis par drone
Airbus n'est évidemment pas le seul à s'intéresser à la livraison de colis par drone. Les grands du secteur de la livraison (Amazon avec "Prime Air", UPS, DHL, Google, La Poste en France) envisagent tous des services à l'aide de ces nouveaux engins volants et développent des projets assez similaires.
Actuellement, ce qui bloque le plus ces projets n'est sans doute pas la technologie (quasiment au point), mais bien la réglementation avec l'interdiction de survol en ville. Et Airbus, en ayant obtenu l'accord de la ville de Singapour pour une expérimentation en grandeur réelle en milieu urbain très dense, a sans doute levé l'un des verrous.
Le marché des drones - La France dans les premiers rangs mondiaux
Les drones demeurent le segment le plus dynamique de toute l'industrie aérospatiale en termes de croissance cette décennie (Cabinet Teal Group). 100 000 drones de loisirs ont été vendus en France en 2015 pour un chiffre d'affaires de 170 M€ (contre 95 M€ en 2014). Ces drones sont utilisés à 80 % pour le loisir et à 20 % pour une activité professionnelle. Le chiffre d'affaires mondial des drones était de 4 milliards de dollars en 2015 et pourrait atteindre 14 milliards dans 10 ans.
La France occupe les premiers rangs mondiaux en matière de drones avec :
- La troisième place en matière de drones militaires (après les Etats Unis et Israel) avec des constructeurs comme Airbus Group, Dassault Aviation, Safran ou Thales
- Parrot, l'un des deux constructeurs majeurs mondiaux de drones de loisir (avec son concurrent chinois DJI). Le chiffre d'affaires de Parrot est de 290 M€. Parrot prépare un engin avec un système de commande à base de réalité immersive
- Une activité économique nationale autour des drones très soutenue -et bien supérieure à ses voisins européens- avec 1900 opérateurs privés autorisés par la DGAC (Direction Générale de l'Aviation Civile), 3000 drones professionnels survolant le territoire pour différentes missions (surveillance, cinéma, agriculture, ...) et 120 constructeurs hexagonaux. Par exemple, Danielson, bien connu dans le domaine de la motorisation, commercialise par sa filiale Danielson Aircraft Systems, des moteurs Trident Diesel UAV Propulsion System pour des drones professionnels de forte puissance. Les drones font d'ailleurs partie des 34 plans de la nouvelle France industrielle mis en avant par le gouvernement et Airbus Group comme Parrot sont dans le comité de pilotage .
Source : www.usinenouvelle.com