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14 février 2012

Renault ouvre son usine au Maroc sur fond de polémique dans l'hexagone

Renault a inauguré l'ouverture de la première grande usine de production de véhicules low-cost à l'étranger (Tanger / Maroc) depuis 10 ans. Si cette ouverture est pleinement dans la stratégie de développement à l'international du constructeur automobile, démarrée en 1995 avec la production de la Dacia Logan, elle arrive au plus mauvais moment dans le calendrier politique hexagonal préoccupé par le concept du "Made in France" très vendeur dans le contexte pré-électoral actuel.  

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Le Roi Mohammed VI et Carlos Ghosn lors de l'inauguration de l'usine Renault


Un investissement de 1.1 milliard d'euros
L'usine de Tanger Med, qui s'étend sur 314 hectares et 220.000 m2 de batiments devrait sortir 170.000 véhicules/an dès 2012 pour atteindre 340.000 véhicules/an en 2013. Le site de Renault Tanger fabriquera le Lodgy, un monospace 6 à 7 places vendu à partir de 10.000 euros. Carlos Ghosn, a même assuré que la capacité de production globale pourrait être portée à 400.000 véhicules par an à terme.

Si elle exploite à fond sa capacité de production, l'usine de Tanger pourrait devenir la plus grande au monde de Renault, loin devant celle de Pitesti, en Roumanie (327.400 véhicules en 2011), de Bursa en Turquie (313.200 véh), de Palencia en Espagne (240.000 véh), de Douai (177.000 véh) et de Novo Mesto en Slovénie (174.000 véh).
10 % de la production du site de tanger serait consacré au marché local et 90 % à l'exportation. Dans sa nouvelle stratégie, Renault voudrait faire de cette usine "une nouvelle base arrière" de sa gamme de véhicules low cost.

Les avantages concédés par le Maroc
Le gouvernement marocain a accordé au constructeur 5 ans sans charges sociales car la création de 6.000 emplois directs (et 30.000 emplois indirects) permettra d'amener une bouffée d'oxygène au Maroc et de remédier à un taux de chomage qui reste élevé dans le royaume chérifien.

La classe politique hexagonale assez critique
Alors que la question du "Made in France" agite le débat politicien à quelques mois de la présidentielle, la pluspart des partis politiques, à gauche comme à droite, sont assez critiques et rapellent que l'état détient des parts du constructeur.

Le syndicat CFDT inquiet
Côté syndicats, François Chérèque, patron de la CFDT a réagi jeudi, exprimant en premier lieu sa satisfaction de voir des emplois créés dans un pays pauvre. Selon lui, les salaires payés localement, de l'ordre de 240 euros par mois, près de six fois moins que le smic français, finiront fatalement par augmenter, comme cela fut le cas en Roumanie.

Le numéro un de l'organe syndical a cependant reconnu qu'il peut y avoir de l'inquiétude quant à la production de certaines gammes en France comme la Renault Scenic."La CFDT demande qu'il y ait un débat au niveau du groupe sur les conséquences de cette ouverture au Maroc sur les gammes assemblées en métropole, les achats, l'investissement en recherche et développement, l'emploi", a ainsi conclu François Chérèque.

La commercialisation du Lodgy inquiète les salariés français de Douai et de Maubeuge, qui fabriquent le monospace Scenic et le Kangoo. Renault se veut rassurant, estimant que la cannibalisation entre Dacia et Renault restera limitée. Les clients de Lodgy et Scenic «ne sont pas les mêmes», estime Carlos Ghosn.

Renault se veut rassurant pour les sites hexagonaux
Renault aurait-il pu choisir pire moment pour démarrer son site de Tanger ? Erreur stratégique dans le planning de communication ... En tout cas, la polémique suscitée oblige les dirigeants de la firme à des justifications publiques.

Chaque voiture fabriquée à Tanger «rapportera 800 euros à la France parce qu'il y a 400 euros de pièces livrées depuis la France et 400 euros d'ingénierie» dans l'Hexagone, a rassuré Carlos Tavares, le numéro 2 du groupe automobile, lors d'une audition devant le Sénat la veille même de la cérémonie d'ouverture.

«C'est bien les véhicules à bas prix qui nous permettent de générer du profit», a-t-il encore plaidé sans oublier de rappeler que l'entreprise détenue en partie par l'Etat «est très fragile au niveau de sa rentabilité».

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