Cout Salarial Unitaire CSU - Comparatif avec les pays low-cost
Le bas coût salarial de nombreux pays d'Asie est à moduler par la faible productivité. On définit ainsi le CSU (Coût salarial Unitaire, ratio du taux salarial sur le taux de productivité). Le CSU chinois est ainsi 3 fois plus faible que le CSU hexagonal. |
Ouvrier chinois - un faible salaire, mais une productivité souvent aussi réduite
Comparatif productivité Chine-pays occidentaux
L’article de Ren Ruoen et Bai Manying (“China’s manufacturing industry in an international perspective: A China-Germany comparison”) procède à une comparaison de la productivité du travail dans l’industrie manufacturière en Chine et en Allemagne, en utilisant la méthode ICOP (International Comparaison of Output and Productivity). Cette étude confirme le faible niveau de productivité de l’industrie manufacturière en Chine, mise en évidence dans de précédentes comparaisons avec les États-Unis.
La productivité du travail en Chine se situe au mieux à 7% du niveau allemand (5% si on inclut les petites entreprises chinoises). Cependant il existe de très grands écarts de productivité du travail entre les secteurs. Les secteurs industriels où les niveaux de productivité sont les plus élevés sont les secteurs où la présence des investissements étrangers est la plus forte. Ainsi dans le secteur électronique la productivité chinoise est 30% du niveau allemand, dans les industries de l’habillement et du cuir elle est de 22%, dans l’équipement électrique de 17%.
Le travail de Chen Yu et Sylvie Démurger (“La productivité dans l’industrie manufacturière chinoise: le rôle de l’investissement direct étranger”) porte sur l’impact de l’investissement direct sur la productivité globale des facteurs (PGF) des différentes branches manufacturières et dans les différentes provinces, sur la période 1988-1994. Il confirme la relation positive entre investissement direct étranger (IDE) et croissance de la production dans les différentes branches de l’industrie manufacturière.
L’analyse de la productivité globale des facteurs montre une corrélation positive entre la croissance de la PGF et l’intensité relative en IDE pour les industries des biens de consommation (habillement, cuirs, meubles, articles culturels et éducatifs, industries alimentaires). Cette corrélation n’apparaît pas dans les autres industries (biens d’équipement et produits intermédiaires). L’auteur suggère que ce résultat surprenant peut s’expliquer par un processus d’apprentissage en cours dans ces secteurs, qui en sont encore à un stade précoce de développement.
L’analyse montre aussi que les performances en matière de productivité sont meilleures dans les régions côtières que dans les régions de l’intérieur et que les écarts sont particulièrement marqués dans les secteurs les plus ouverts aux IDE.
Françoise Lemoine, Économiste senior au CEPII
Source CAIRN : Rapport du CAIRN
Indice CSU - Coût salarial Unitaire
Le coût du travail, mesuré par exemple par le salaire horaire, est un indicateur pauvre de la compétitivité d'un pays sur la scène internationale. Les biens ne sont en effet produits à bas coût que si les salaires sont faibles en comparaison de la productivité des travailleurs.
Le concept de coût salarial unitaire (CSU), rapport du coût du travail à la productivité du travailleur est donc un meilleur indicateur de compétitivité. Exprimés en dollars pour l'ensemble des pays, les CSU permettent de comparer entre différents pays dans une même monnaie le coût en main d'œuvre de la production d'une unité de bien.
Le coût salarial représente l'ensemble des dépenses supporté par l'employeur en contrepartie du travail fourni par les salariés.
Il inclut le salaire brut (salaire net + cotisations sociales à la charge du salarié) et les charges patronales (cotisations sociales à la charge de l'employeur + charges professionnelles). C'est, pour l'employeur, le coût de l'emploi d'un salarié.
CSU par rapport à la France
CSU Allemagne et Angleterre Identique
CSU Italie et espagne Inférieur de 30 %
CSU USA Inférieur de 35 %
CSU Japon Inférieur de 20 %
CSU Chine Trois fois plus faible
CSU Inde Six fois plus faible
Ecart salariaux ouvrier/ingénieur
L'abondance relative de la main d'œuvre peu qualifiée en Chine conduit à ce que les salariés qualifiés chinois bénéficient de salaires relatifs importants par rapport aux salariés peu qualifiés : un chauffeur de bus est payé 3,2 fois moins qu'un ingénieur à Shanghai, alors que ce rapport n'est que de 1,8 en France.
Concurrence avec autres pays de l'industrie française
La France est avant tout exposée à la concurrence des pays avec lesquels elle commerce beaucoup, c'est-à-dire les pays européens.
La concurrence exercée par les grands émergents est relativement faible en niveau. La Chine, même en 2003, n'arrive qu'en 8ème position. L'exposition de la France à la concurrence de l'Inde est quasiment négligeable (l'indicateur construit omet cependant les services, pour lesquels l'exposition à la concurrence de l'Inde serait probablement beaucoup plus forte).
Pression économique exercée par différents pays
En revanche, sur la période récente, la pression exercée par la Chine devient comparable à la pression
exercée par chacun des grands pays européens. Ainsi, l'exposition de la France à la concurrence de la Chine, nettement plus faible en niveau que celles des autres Européens est compensée par la compétitivité chinoise – les CSU chinois étant 2 à 3 fois inférieurs à ceux des grands partenaires européens de la France.
Source : MINEFE